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FRANCE LE MONDE / VENDREDI 16 AVRIL 1999 / 11
DÉPÊCHES
a RETRAITES : les propositions du patronat sur les retraites pro-
voquent un tollé chez les syndicats et au PS. Le secrétaire général de
FO, Marc Blondel, a jugé, mercredi 14 avril, sur Europe 1, que « le Me-
def est en train de dédouaner Charpin, qui va apparaître comme un pro-
gressiste », avec, notamment, sa proposition d’allonger à 45 ans la du-
rée de cotisation. La secrétaire générale de la CFDT, Nicole Notat,
interrogée sur France 3, a qualifié la position du Medef de « provo-
cante » et d’« inconséquente ». Le secrétaire général de la CGT, Ber-
nard Thibault, a estimé, pour sa part, que les propositions du Medef
s’inscrivent « dans le registre des fantasmes patronaux ». « Le Medef es-
saie de dramatiser la situation pour imposer des solutions dont les effets
seraient dramatiques pour les salariés », a indiqué SUD-PTT dans un
communiqué. De son côté, le Parti socialiste a estimé que les proposi-
tions patronales « constituent une remise en cause inacceptable des
principes fondateurs de la protection sociale ».
a NARBONNE : Michel Moynier (div. d.) a été élu, mardi 13 avril,
maire de Narbonne, en remplacement d’Hubert Mouly, qui avait dé-
missionné, le 27 mars, en raison de son âge, après vingt-huit ans de
mandat. M. Moynier, cinquante-deux ans, est conseiller municipal de
Narbonne depuis 1983, adjoint au maire depuis 1989. Il est, en outre,
conseiller général du canton de Narbonne-Sud depuis 1992 et conseil-
ler régional de Languedoc-Roussillon depuis 1998.
Bernadette Chirac affiche
son soutien au maire de Paris
« NON, je n’ai pas lu Le Figaro...
Ce matin, j’ai lu Le Canard enchaî-
né », glisse Bernadette Chirac,
avec un petit sourire, à son inter-
locutrice. La scène se passe, mer-
credi 14 avril, dans les salons de
l’Hôtel de Ville, où l’épouse du
président de la République annon-
çait le programme du nouveau
Festival de danse de Paris, qu’elle
préside. M
me
Chirac vient de pré-
senter «M
me
Tiberi, l’épouse du
maire », à une invitée de marque
qui évoquait un article de presse
consacré à la danse. Mais
M
me
Chirac a une autre mission, ce
jour-là : montrer la solidité des
liens entre l’Elysée et l’Hôtel de
Ville.
La veille, déjà, lors de l’inaugu-
ration par Jacques Chirac de l’ex-
position consacrée au Maroc, au
Petit Palais, à Paris, le couple pré-
sidentiel avait témoigné une at-
tention particulière envers M. Ti-
beri, confronté à l’hostilité de la
direction du RPR (Le Monde du
12 avril). Prévue de longue date, la
venue à l’Hôtel de Ville de
M
me
Chirac lui a donné l’occasion
d’aller plus loin dans l’expression
de ce soutien, en remerciant de
son accueil le maire de Paris,
« mon ami Jean Tiberi », a-t-elle
insisté. Au terme de sa conférence
de presse, l’épouse du président a
aussi « remercié M
me
Jean Tiberi de
sa présence », exprimant, ce fai-
sant, « son affectivité et son émo-
tion » puisque, a-t-elle rappelé,
« j’ai longtemps occupé ces lieux ».
CLASSEMENT SANS SUITE
Dans la presse du jour, Jacques
Chirac et Jean Tiberi étaient tous
deux mis en cause dans l’affaire
des emplois fictifs de la Ville de
Paris au profit du RPR. Le Canard
enchaîné publiait, en effet, des ex-
traits d’un rapport de synthèse de
la police remis au juge d’instruc-
tion de Nanterre Patrick Desmure
sur le coût de la prise en charge de
permanents du RPR par la Ville de
Paris (Le Monde du 15 avril). Le
même journal indiquait que le
parquet d’Evry s’apprêterait à
classer sans suite le dossier du fa-
meux rapport de M
me
Tiberi au
conseil général de l’Essonne.
Pascale Sauvage
La direction du RPR
ne veut pas alimenter
de polémique avec M. Tiberi
Le débat sur les municipales est jugé prématuré
SILENCE dans les rangs ! Alors
que le secrétaire général de la Ville
de Paris, Bernard Bled, milite dé-
sormais ouvertement pour que le
maire, Jean Tiberi, parte en cam-
pagne électorale en pleine guerre
contre la Serbie (Le Monde du
13 avril), il n’a pas été question des
élections municipales, selon plu-
sieurs participants, lors de la réu-
nion, mercredi 14 avril, des secré-
taires de circonscription parisiens
du RPR sous la houlette de Nico-
las Sarkozy.
Le secrétaire général du RPR
avait annoncé, en début d’année,
qu’il réunirait à intervalles régu-
liers les cadres gaullistes de Paris
et de l’ensemble de l’Ile-de-
France. Mercredi soir, M. Sarkozy
a, du reste, présidé, après celle de
Paris, une réunion élargie du
comité départemental des Hauts-
de-Seine – son département, qui
est aussi celui de Charles Pasqua –
pour engager les militants et les
élus à soutenir la liste conduite par
Philippe Séguin aux élections eu-
ropéennes du 13 juin.
A Paris, M. Sarkozy s’en est tenu
à l’actualité du moment : la fête
des jeunes du RPR, le 2 mai au Pa-
lais des sports, une grande réu-
nion publique, le 8 juin au Zénith,
et, plus généralement, la cam-
pagne à mener, d’ici au 13 juin, en
faveur du tandem Séguin-Made-
lin. L’heure est à la mobilisation
pour les européennes, pas aux di-
visions pour les municipales, a ré-
sumé M. Sarkozy, en présence de
Jacques Toubon, de Philippe Gou-
jon, suppléant d’Edouard Balla-
dur, et de M. Tiberi. Ce dernier en
a convenu, offrant même ses ser-
vices pour présider le comité de
soutien parisien du président du
RPR.
La direction du RPR est décidée
à ne pas brusquer les choses sur
Paris. Tirant les leçons du
« putsch » manqué de M. Toubon,
en avril 1998, elle observe que l’an-
cien ministre de la justice a dispa-
ru de la liste des candidats poten-
tiels à la succession de M. Tiberi
dans les sondages d’intention de
vote. Elle estime que l’entourage
du maire de Paris, inquiet des ré-
sultats d’une succession de son-
dages, a intérêt à créer un climat
de panique pour mieux débusquer
les éventuels prétendants à l’Hôtel
de Ville.
LA LOYAUTÉ DE M. BALLADUR
Parmi ceux-ci, M. Balladur choi-
sit pareillement de rester à dis-
tance. Il séjourne actuellement en
Chine, publie, dans Le Monde du
15 avril, une tribune sur la sécurité
européenne, et son entourage fait
savoir que l’ancien premier mi-
nistre se préoccupe surtout du Ko-
sovo. Loyal, M. Balladur fera cam-
pagne pour les européennes
quand on le lui demandera, no-
tamment dans plusieurs arrondis-
sements parisiens. C’est ainsi qu’il
accueillera M. Séguin, le 26 avril,
dans le 15
e
arrondissement.
En tout état de cause, il reste en-
tendu que la désignation de la tête
de liste relèvera, le moment venu,
d’une commission d’investiture
nationale, à Paris comme à Lyon,
où le secrétaire général du RPR
avait réuni l’ensemble des cadres
gaullistes, samedi 10 avril. Le mes-
sage vaut aussi pour l’UDF. Les
centristes considèrent, en effet,
que, lors des élections municipales
de 2001, le partage des principales
villes doit être équilibré. D’où les
velléités du nouveau président de
l’UDF à Paris, Didier Bariani, qui,
dans un entretien publié, mercredi
14 avril, par Le Parisien, n’excluait
pas de « prendre le risque de se
compter ».
J.-L. S.
Le patronat critique le retard de l’économie
française sur celle de ses partenaires européens
Le Medef invite de nouveau l’Etat à se réformer et à multiplier les « micro-actions »
Dans sa radiographie annuelle de l’économie
française, intitulée Cartes sur table, le Medef
(ex-CNPF) se montre alarmiste. Estimant que
l’Etat tarde à se réformer, il regrette que la
France soit la championne des prélèvements
obligatoires ou de la dépense publique. L’orga-
nisation patronale plaide pour que la puissance
publique engage les mille et une « micro-ac-
tions » qui sont le gage de la compétitivité.
LE PATRONAT ne croit plus aux
grands débats de politique écono-
mique. C’est en tout cas ce qu’il
prétend. En présentant l’édition
1999 de Cartes sur table, une radio-
graphie de l’économie française
établie chaque année par son or-
ganisation, Denis Kessler, vice-
président délégué du Medef (ex-
CNPF), a affiché son credo : « Il ne
s’agit plus aujourd’hui de faire de
grandes réformes, d’animer de
grands débats. Ce qu’il nous faut,
c’est s’engager dans des tas de mi-
cro-actions, se donner beaucoup de
petits outils pour desserrer les petits
verrous qui brident la croissance. »
Et de multiplier les exemples. Ainsi
préférerait-il qu’il y ait un serveur
Internet dans chaque école plutôt
que de parler indéfiniment de la
réforme du XXI
e
siècle de l’école.
En janvier 1999, la France comptait
9 serveurs Internet pour 1 000 ha-
bitants, soit deux fois moins que
l’ensemble des pays de l’Union eu-
ropéenne (UE) et dix fois moins
que les Etats-Unis.
Manque d’ambition ou pragma-
tisme ? Selon le Medef, entre 1990
et 1998, la France a connu une
croissance annuelle moyenne de
1,3 %, contre 1,9 % pour la zone
euro et 2,6 % pour les Etats-Unis.
Pendant cette décennie, les inves-
tissements des entreprises ont sta-
gné, la part de la France dans les
exportations mondiales a reculé.
« L’économie française doit revenir
durablement sur le taux de crois-
sance potentiel qui est le sien, aux
alentours de 3 % », considère
M. Kessler. Or l’avènement de l’eu-
ro a marqué pour l’ensemble des
pays membres de l’UE une nou-
velle ère. Le recours à l’inflation, à
la dévaluation ou aux déficits, qui
ont longtemps permis de relancer
la machine économique, n’est au-
jourd’hui plus envisageable. Dans
ce contexte, seules les « micro-ac-
tions » sont possibles.
DÉPENSES INEFFICACES
Le patronat propose même une
méthode pour élaborer un plan
d’actions. Celle de Tony Blair :
dans tous les domaines, de la ges-
tion des prisons à la collecte des
impôts, regarder ce qui se fait ail-
leurs et s’inspirer de ce qui se fait
de mieux. « Il faut remplir quinze
formulaires pour créer une société
en France. Au Royaume-Uni, ce
chiffre est de quatre. C’est une petite
chose. Mais la multiplication des
petites améliorations peut donner
de grandes avancées », argumente
M. Kessler. Cartes sur table pré-
sente un ensemble de tableaux
comparatifs sur la France et ses
partenaires. Ce comparatif est une
nouvelle fois l’occasion de dénon-
cer l’inefficacité de la dépense pu-
blique : « Inefficacité sociale,
puisque coexistent Etat-providence
à bout de souffle, prélèvements re-
cords, chômage, précarité crois-
sante. Inefficacité économique,
puisque l’activité productive n’a
augmenté que de 18 % entre 1991 et
1997 en valeur, malgré un alourdis-
sement de 57 % de la dette et des
prélèvements publics, trois fois plus
rapide. C’est la dérive la plus forte
d’Europe », écrit le Medef.
Le taux de fonctionnarisation
français (rapport entre le nombre
de fonctionnaires et celui des ac-
tifs) est de 50 % plus élevé qu’en
Europe. Les dépenses d’aides à
l’emploi ont connu en France la
plus forte progression (+ 76 %
entre 1990 et 1997) sans pour au-
tant empêcher une baisse de l’em-
ploi dans le privé (– 1 %). Aux
Pays-Bas, elles ont aussi fortement
progressé (+ 73 %), mais l’emploi
privé a suivi (+ 9 %). En Irlande,
elles ont augmenté de 56 % et
l’emploi marchand de 19 %. « Au-
cun retour durable à la croissance
n’est possible sans réforme préa-
lable de l’Etat », estime le Medef.
L’organisation patronale s’at-
taque aussi à la fiscalité. Les pré-
lèvements obligatoires repré-
sentent 56 % du PIB marchand
alors que la moyenne de la zone
euro s’établit à 45,7 %. La France a
le nombre de prélèvements (120) le
plus élevé de l’UE. Sont également
pointées la faiblesse de la syndica-
lisation en France et la pauvreté
du dialogue social, la grande quali-
té de la recherche française et ses
faibles retombées sur l’industrie.
« Il devient de plus en plus difficile
de justifier l’exception française.
Sauf à prouver qu’elle a des résul-
tats exceptionnels », conclut
M. Kessler.
Virginie Malingre
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