Electrolux ZC24/10FS Bedienungsanleitung Seite 4

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LeMonde Job: WMQ1604--0004-0 WAS LMQ1604-4 Op.: XX Rev.: 15-04-99 T.: 11:05 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 27Fap:100 N
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4 / LE MONDE / VENDREDI 16 AVRIL 1999 INTERNATIONAL / L’OTAN CONTRE LA SERBIE
Dans la crise du Kosovo, les Quin-
ze veulent redonner un rôle à
l’ONU, donc à la Russie. Malgré
quelques tentatives d’intervention
diplomatique, celle-ci s’est trouvée
en porte-à-faux depuis le début des
bombardements de l’OTAN sur la
Serbie. En réalité, les Russes se sont
sentis mis à l’écart dès les négocia-
tions de Rambouillet, même si un de
leurs vice-ministres des affaires
étrangères y participait.
Reprenant à leur compte les
thèses de Belgrade, ils reprochent
aujourd’hui aux Occidentaux des
« tricheries » dans la rédaction du
projet d’accord et notamment
d’avoir introduit l’OTAN à la der-
nière minute des pourparlers de
Rambouillet – le 23 février précisé-
ment. Les Occidentaux avaient été
pourtant à l’époque très clairs sur ce
point, même s’il est vrai que Moscou
n’avait jamais admis que l’organisa-
tion atlantique doive commander la
force internationale chargée de sur-
veiller l’application d’un éventuel
accord sur le Kosovo. En fait, les
Russes ont tendance à concevoir le
fonctionnement du Groupe de
contact un peu comme celui du
Conseil de sécurité de l’ONU, où ils
ont un droit de veto. Ils se sont donc
sentis trompés par la décision des
Occidentaux de passer outre à leurs
objections et de mettre à exécution
leurs menaces contre Milosevic.
Cette frustration se double du
sentiment de ne pas être beaucoup
plus écouté par les dirigeants
serbes. Les Russes affirment que la
visite d’Evgueni Primakov à Bel-
grade, le 30 mars, a été faite avec le
soutien actif de Jacques Chirac,
voire à l’initiative du président de la
République, et ils sont déçus par la
fin de non-recevoir que les Occiden-
taux ont opposée au « message »
que leur premier ministre en aurait
rapporté. Mais ils ne se font aucune
illusion sur les concessions que Milo-
sevic est disposé à accepter. Ils
cachent leur échec derrière des af-
firmations auxquelles ils ne croient
pas eux-mêmes, par exemple que le
président yougoslave a respecté
dans le passé « tous ses engage-
ments » ou que les forces serbes se
sont déployées en nombre au Koso-
vo « seulement après le début des
frappes de l’OTAN ».
Le concours de la Russie est sans
doute indispensable à un règlement
politique de la guerre au Kosovo. Il
est rendu difficile non seulement
parce que les conditions posées par
les Occidentaux ne laissent pas une
grande marge de manœuvre mais
aussi parce que les Russes sont dé-
semparés face à Milosevic. Le sou-
tien apporté par Viktor Tcherno-
myrdine, le nouveau « représentant
spécial » de Boris Eltsine à un plan
allemand, dont Bonn dit qu’il
n’existe pas, ajoute à la confusion.
Daniel Vernet
COMMENTAIRE
DOUBLE
FRUSTRATION RUSSE
BRUXELLES
de notre envoyée spéciale
Il n’y a pas de « plan allemand » pour
résoudre la crise du Kosovo, il n’y a qu’un
seul plan qui vaille : celui de Kofi Annan.
C’est ce qui ressort du sommet européen
de mercredi 14 avril à Bruxelles. Les cinq
conditions que mettent les alliés à un arrêt
des bombardements en Yougoslavie (ces-
sez-le-feu, retrait total des forces serbes,
déploiement d’une force de maintien de la
paix, retrait des réfugiés, statut garantis-
sant au Kosovo une démocratie multieth-
nique) sont devenues, dans la bouche des
dirigeants européens, « les propositions »
du secrétaire général de l’ONU depuis que
ce dernier les a reprises à son compte le
9 avril. C’est là-dessus que repose toute la
stratégie diplomatique des Européens.
Dès lors, en effet, que ces cinq
commandements à Milosevic seraient non
plus ceux de l’OTAN mais ceux de l’ONU,
dès lors qu’ils auraient fait l’objet d’une
résolution du Conseil de sécurité adoptée
dans le cadre du chapitre 7 de la Charte
(celui qui autorise les Nations unies à re-
courir à la force), il aurait valeur contrai-
gnante, que le président yougoslave y
consente ou non. La guerre que l’OTAN
n’ose pas vraiment déclarer à la Yougo-
slavie, les Nations unies, en toute légalité
internationale, pourraient l’ordonner.
Toutes les questions auxquelles les diri-
geants occidentaux ne veulent pas ré-
pondre pour l’instant – quelle issue à la
crise ? une intervention terrestre est-elle
envisageable ? – pourraient enfin trouver
leur réponse : oui, il est possible de re-
prendre militairement et administrative-
ment le contrôle du Kosovo dès lors que la
puissance mandataire est l’ONU et pas
l’OTAN.
UN « PLAN ALLEMAND » ?
Le sommet de Bruxelles a eu le mérite
de clarifier ce raisonnement. Encore une
fois, ce sont les Européens qui prennent
l’initiative de la démarche même s’ils se
sont assurés avant du soutien des Etats-
Unis et de l’OTAN. C’était la première fois
mercredi, dans l’histoire de la Commu-
nauté, qu’un secrétaire général de l’ONU
était ainsi convié à un sommet européen à
Bruxelles.
L’objectif sur le front diplomatique est
donc de parvenir à l’adoption de cette ré-
solution contraignante du Conseil de sé-
curité. Kofi Annan a convenu lui-même
que le succès n’était pas garanti, mais il a
assuré qu’il consacrait désormais toutes
ses forces à pousser les feux de la négocia-
tion au sein de ce Conseil, la principale
difficulté étant de convaincre les Russes.
L’autre mérite du sommet de Bruxelles
est d’avoir tué dans l’œuf quelques ru-
meurs malignes et interrogations sur la
cohésion des Européens, voire sur leur dé-
termination à poursuivre l’action militai-
rement engagée. Ils ont réaffirmé mercre-
di, notamment par la voix du chancelier
allemand Gerhard Schröder, que l’inter-
vention militaire en Yougoslavie continue-
rait tant que Belgrade n’accepterait pas les
cinq conditions et qu’il n’y avait pas là-
dessus de transaction possible. La seule
négociation à mener l’est entre Occiden-
taux, puis avec les Russes, essentiellement
sur la forme que doit prendre la force
d’interposition qui devra sécuriser le Ko-
sovo. Avec Milosevic il n’y a pas ou
presque pas de marge laissée à la négocia-
tion.
Il fallait redire tout cela car, en moins de
vingt-quatre heures, la rumeur sur un
« plan allemand » reposant sur de tout
autres bases avait semé la perplexité par-
mi les médias et les chancelleries. Il était
assez détaillé mais il oubliait de rappeler
l’essentiel, à savoir les cinq commande-
ments, et il laissait supposer qu’un début
de retrait des forces serbes du Kosovo suf-
firait à arrêter les frappes de l’OTAN.
Quelle qu’ait été la teneur réelle de ce plan
que personne n’a vu et qui n’a fait l’objet
que de fuites dans la presse allemande de
mercredi, il apparaissait comme une pro-
position concurrente à la stratégie offi-
cielle alliée, reflétant au minimum des di-
vergences, voire l’existence d’un « maillon
faible ».
PROPOSITION NOUVELLE
Slobodan Milosevic n’aura pas l’occa-
sion de s’en servir car les Quinze ont éner-
giquement resserré les rangs mercredi
soir. Pas de « plan allemand » . Tout au
plus quelques idées jetées dans le débat
pour aider à une solution. Dans les salles
de presse incrédules les regards cher-
chaient Joschka Fischer, le ministre alle-
mand Verts des affaires étrangères. Mais il
n’était pas là puisque le chancelier Schrö-
der, président en exercice de l’Union euro-
péenne, avait décidé, contre toutes les
coutumes, que les ministres des affaires
étrangères, cette fois, ne participeraient
pas au sommet. Un « plan allemand » gê-
nant ? Mais non, disait Gerhard Schröder :
« Je n’ai pas l’intention de prendre mes dis-
tances par rapport à ce que fait le ministre
allemand des affaires étrangères. Les chefs
d’Etat et de gouvernement européens sou-
tiennent les démarches de Kofi Annan.
C’était le seul objet de cette réunion. » Un
« plan allemand » gênant ? Mais non
confirmait Jacques Chirac. Aucun « plan
allemand » n’a été discuté, « les proposi-
tions allemandes telles que nous les
connaissons recueillent toute notre appro-
bation ».
Une proposition nouvelle a été formu-
lée par les Quinze mercredi, à l’initiative
de la France. Elle suggère que l’Union eu-
ropéenne soit chargée, le moment venu,
de « l’administration internationale intéri-
maire » qui devra être mise en place au
Kosovo. La nécessité d’instaurer dans la
province une forme de protectorat inter-
national est ainsi officiellement affirmée,
de même que la volonté de l’Europe de
prendre toute sa part au règlement du
conflit.
Mais on n’en est pas là. Il faut d’abord
s’entendre entre Occidentaux sur le profil
de la future force d’interposition, puis le
faire accepter par les Russes pour pouvoir
obtenir une résolution qui transfère la res-
ponsabilité des opérations à l’ONU. Après
cela seulement, d’autres perspectives que
la simple poursuite des frappes aériennes
pourraient s’ouvrir, avant, non. « Je n’ai
pas l’intention pour l’instant de me rendre à
Belgrade », a dit Kofi Annan.
Claire Tréan
Les Quinze associent l’ONU et espèrent convaincre les Russes
Un « plan d’action pour les enfants »
Le représentant spécial de l’ONU chargé de la question des en-
fants dans les conflits armés, Olara Otunnu, a proposé, mercredi
14 avril à Genève, un « plan d’action pour les enfants du Kosovo ». Ce
plan, qui doit être mis en place par l’ensemble de la communauté in-
ternationale, s’appuie sur le fait que plus de 60 % des réfugiés du Ko-
sovo sont des enfants, a-t-il expliqué lors d’une conférence de
presse à son retour d’un voyage dans les camps en Albanie et en Ma-
cédoine. Il s’agit d’assurer les « besoins de base de survie » en four-
nissant nourriture, abris, nécessaires de toilette, eau potable et ser-
vices médicaux –, de faciliter le regroupement et la réunification des
familles et plus particulièrement des enfants perdus.
Ce plan suggère en outre une prise en charge des traumatismes
psychologiques des enfants, et leur rescolarisation le plus rapide-
ment possible. Pour éviter le recrutement forcé de jeunes adoles-
cents, Olara Otunnu suggère des campagnes préventives. – (AFP.)
La Yougoslavie et l’Alliance atlantique se
sont mutuellement rejetées la faute d’avoir
attaqué, mercredi 14 avril, deux colonnes
de réfugiés d’Albanais du Kosovo, dans
l’ouest de la province. D’après Belgrade,
les bombardements alliés ont fait 75 mort
et vingt cinq blessés. Sur le terrain diplo-
matique, les chefs d’Etat et de gouverne-
ment de l’Union européenne réunis à
Bruxelles en la présence exceptionnelle du
secrétaire général des Nations unies, Kofi
Annan, ont apporté leur soutien à l’initia-
tive de ce dernier qui a réaffirmé à Bel-
grade les conditions de la communauté in-
ternationale pour un arrêt des
bombardements. Tandis que le nombre de
personnes déplacées à l’intérieur même du
Kosovo continue d’être une énigme,
l’OTAN affirme que des cas de choléra et de
typhus lui ont été signalés. Les forces
serbes continuent par ailleurs leurs exac-
tions contre les Albanais du Kosovo. Les
avions alliés ont continué à bombarder des
cibles sensibles près de Belgrade et au Ko-
sovo.
Les frappes aériennes sur la Serbie s’intensifient, M. Milosevic ne plie pas
Des cas de choléra et de typhus parmi les personnes déplacées à l’intérieur du Kosovo ont été rapportés à l’OTAN.
Belgrade accuse les alliés d’avoir bombardé une colonne de réfugiés près de Djakovica
L’ATTAQUE d’un convoi de ré-
fugiés ou de déplacés albanais du
Kosovo a presque occulté, mercre-
di 14 avril, les autres aspects de la
campagne militaire de l’OTAN en
Yougoslavie. Le président Slobo-
dan Milosevic continue de refuser
les exigences de l’Alliance.
b Qui a bombardé des réfu-
giés, mercredi 14 avril, dans
l’ouest du Kosovo ? Belgrade et
l’OTAN se sont renvoyés la respon-
sabilité. Le président yougoslave a
accusé l’aviation alliée de s’être
« délibérément » livrée à ce mas-
sacre. D’après Belgrade, ce sont
deux colonnes de quelque mille
personnes, escortées par la police,
qui ont été visées. Au moins 75
personnes ont été tuées et 25 ont
été grièvement blessées, toujours
selon Belgrade. Un journaliste de
l’AFP affirme avoir vu sur place de
nombreux véhicules touchés et des
corps déchiquetés ou calcinés. Le
commandement suprême de
l’OTAN a ouvert une enquête.
D’après le Pentagone, qui enquête
pour savoir si des troupes serbes
s’en sont pris aux réfugiés, en re-
présailles à une attaque par
l’OTAN d’un convoi militaire, les
pilotes engagés dans l’action ont
affirmé n’avoir attaqué que des vé-
hicules militaires. Brian Atwood, le
coordonnateur américain de l’aide
aux réfugiés du Kosovo n’a pas ex-
clu une « utilisation très cynique de
personnes déplacées ou de réfugiés
comme des boucliers humains ».
b L’OTAN a intensifié ses bom-
bardements contre la Serbie
dans la nuit de mercredi à jeudi,
d’après les sources serbes. A Bel-
grade, une caserne de l’armée a été
touchée. Neuf explosions ont été
entendues à Pristina, chef-lieu du
Kosovo. Un pont sur la route re-
liant Nis, au sud, à Pristina, a été
rendu impraticable. Un autre a été
détruit sur la rivière Zapadna Mo-
rava, à une centaine de kilomètres
au sud de la capitale. Deux émet-
teurs de la télévision serbe ont été
touchés sur les montagnes d’Ovcar
et Zlabitor, au sud-ouest. Kraguje-
vac, au sud, a été à deux reprises la
cible d’attaques.
b En quelques jours, l’OTAN a
perdu deux drones allemands, en-
gagés dans les opérations mili-
taires, ont indiqué des sources mi-
litaires à Bonn. Le ministère
allemand de la défense n’était pas
encore en mesure, jeudi matin, de
dire si ces deux appareils de re-
connaissance sans pilote étaient
tombés sous le feu de la défense
anti-aérienne yougoslave ou pour
d’autres raisons.
b D’après le bilan de l’OTAN,
environ la moitié des cibles vi-
sées par les avions alliés ont été
détruites ou sérieusement endom-
magées. Le ministère français de la
défense a averti que les forces ter-
restres serbes au Kosovo restent
« importantes et menaçantes »,
après trois semaines de bombarde-
ments aériens de l’OTAN. « Si nous
avons ces mouvements de réfugiés,
c’est bien parce que des actions mili-
taires menaçantes continuent », a
déclaré le porte-parole du minis-
tère, tout en soulignant que « cela
ne veut pas dire qu’elles [les forces
serbes] sont coordonnées de façon
centrale ».
b Le président yougoslave se-
rait disposé, d’après son homo-
logue bélarusse, Alexandre Louka-
chenko, qui lui a rendu visite à
Belgrade mercredi, à accepter le
déploiement au Kosovo d’observa-
teurs civils originaires de pays «ne
participant pas à l’agression contre
la Yougoslavie ». M. Milosevic rejt-
te « catégoriquement l’éventualité
d’une opération militaire, semi-mili-
taire ou policière », a précisé
M. Loukachenko.
b Les chefs d’Etat et de gou-
vernement de l’Union euro-
péenne réunis mercredi à
Bruxelles, ont apporté leur soutien
à l’initiative du secrétaire général
des Nations unies, Kofi Annan,
pour une solution au Kosovo, qui
correspond bien aux exigences im-
posées à Belgrade. Ils ont réclamé
l’adoption d’une résolution des
Nations unies. et réaffirmé leur
« résolution à ne pas tolérer les
meurtres et les déportations » au
Kosovo. Ils se sont également dé-
claré favorables à une « adminis-
tration intérimaire internationale »
du Kosovo, qui « pourrait être
confiée à l’UE ».
b Des informations sur des cas
de choléra et de typhus parmi les
personnes déplacées à l’intérieur
du Kosovo ont été rapportées à
l’OTAN, a affirmé le porte-parole
de l’Alliance, Jaime Shea, qui a ac-
cusé le régime de Belgrade de
traiter les Albanais du Kosovo
comme du « bétail ». De son côté,
le porte-parole militaire de l’Al-
liance, Giuseppe Marani a indiqué
que l’OTAN continuait de s’en te-
nir au chiffre de 260 000 per-
sonnes déplacées à l’intérieur du
Kosovo et ne pouvait en consé-
quence confirmer le chiffre de
700 000 avancé par la secrétaire
d’Etat américaine, Madeleine Al-
bright.
b D’après le Haut commissa-
riat des Nations unies pour les
réfugiés, le nombre de réfugiés
kosovars s’élevait mercredi à près
de 315 000 en Albanaie, 116 000 en
Macédoine et 67 000 au Montene-
gro. Le total des réfugiés est d’en-
viron 650 000, ce chiffre n’in-
cluant pas les personnes déplacés
à l’intérieur même du Kosovo.
Boris Eltsine nomme Viktor Tchernomyrdine responsable du dossier des Balkans
MOSCOU
de notre correspondant
Boris Eltsine, qui démontre une
activité inhabituelle depuis le début
de la guerre du Kosovo en se ren-
dant chaque jour au Kremlin, a dé-
cidé de reprendre les choses en
main. Le président russe a nommé,
mercredi 14 avril, Viktor Tcherno-
myrdine comme « représentant
spécial » en charge du conflit des
Balkans.
Premier ministre de décembre
1992 à mars 1998, M. Tchernomyr-
dine revient ainsi au cœur du pou-
voir, malgré son impopularité et les
critiques qu’il subissait ces derniers
mois au sein de son propre parti,
Notre maison la Russie. En sep-
tembre 1998, au lendemain du
krach financier, M. Eltsine avait
tenté sans succès d’imposer l’an-
cien patron du géant Gazprom au
poste de premier ministre, contre
l’avis de la Douma, la chambre
basse du Parlement.
Cette nomination sur le dossier
des Balkans ne devrait pas entraî-
ner un changement de la diploma-
tie russe dans le conflit. Dmitri Ia-
kouchkine, le porte-parole du
Kremlin, l’a justifiée en précisant
que le « président examine la situa-
tion en Yougoslavie plusieurs fois par
jour » et qu’il a « évidemment besoin
d’un représentant spécial » qui tra-
vaillera « en contact étroit avec le
gouvernement ». Dans ses pre-
mières déclarations, M. Tcherno-
myrdine explique d’ailleurs ne pas
avoir de « recettes déjà prêtes ». «Il
convient d’étudier [le dossier] en
profondeur », répétait-il dans plu-
sieurs quotidiens russes du 15 avril.
L’ancien premier ministre a ap-
prouvé, jeudi matin, le plan de paix
proposé par l’Allemagne. Depuis
une semaine, la Russie a infléchi sa
position, souhaitant à tout prix être
partie prenante dans l’élaboration
d’un règlement du conflit.
M. Tchernomyrdine a ainsi répété
que « des négociations et seulement
des négociations » permettront de
mettre fin à la guerre.
Bien loin du conflit des Balkans,
cette nomination apparaît comme
un nouveau développement de l’af-
frontement entre le président et le
premier ministre russe, Evgueni Pri-
makov. « C’est un geste de politique
interne », notait, mercredi, un di-
plomate occidental. « De facto,
[M.] Tchernomyrdine est aujourd’hui
un premier ministre parallèle », es-
time le quotidien Kommersant. Un
porte-parole de M. Primakov a sim-
plement déclaré que le premier mi-
nistre avait été informé au préa-
lable de cette nomination et que
l’expérience de M. Tchernomyrdine
« pouvait aider ».
« A cette étape, Evgueni Primakov
nous est utile, après on verra », avait
averti, vendredi, le président russe.
En nommant Viktor Tchernomyr-
dine, M. Eltsine signifie que son
premier ministre ne lui est plus
« utile » dans la gestion du conflit
yougoslave et qu’il entend seul tirer
les bénéfices d’un éventuel succès
diplomatique russe.
RETOUR DE M. BEREZOVSKI
M. Primakov se voit sanctionné
pour ne pas avoir enrayé plusieurs
offensives politiques et judiciaires
visant le Kremlin. Samedi, le pre-
mier ministre avait sèchement ré-
pondu au président : «Je ne
m’agrippe pas du tout au fauteuil de
premier ministre, surtout si on dit
qu’aujourd’hui je suis utile et,
qu’après on verra ». L’entourage
présidentiel avait expliqué que
M. Primakov ne s’était pas suffi-
samment engagé contre la procé-
dure de destitution de Boris Eltsine
initiée par la majorité nationalo-
communiste de la Douma.
Ce débat, suivi d’un vote, devait
se tenir jeudi 15 avril. Les députés
ont finalement décidé de le repous-
ser au 13 mai, contre l’avis de Boris
Eltsine qui avait déclaré au pré-
sident de la Douma vouloir que le
vote intervienne dès jeudi ou que la
procédure soit abandonnée en
bloc. « Ils [l’] ont encore reportée, ils
cherchent le moment opportun pour
piéger le président, ils ne réussiront
pas », a affirmé M. Eltsine, le
13 avril.
Désaisi de la politique internatio-
nale, dont il avait fait son « do-
maine réservé », M. Primakov a éga-
lement perdu une autre manche,
mercredi, avec l’annulation du
mandat d’arrêt émis contre
l’homme d’affaires Boris Berezov-
ski. Le parquet général de Russie a
simplement expliqué que ce man-
dat n’avait plus lieu d’être, M. Bere-
zovski se disant prêt à rentrer en
Russie et à répondre aux questions
des enquêteurs.
« Eltsine est un libéral, Primakov
est un totalitaire », « il est pire que
les communistes », a récemment dé-
claré M. Berezovski. Le retour à
Moscou, probablement vendredi,
du principal adversaire politique du
premier ministre exacerbera les
tensions entre un gouvernement
affaibli, une Douma prête à en dé-
coudre et un président décidé à re-
gagner un terrain politique perdu
depuis septembre 1998.
François Bonnet
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