Electrolux ZC24/10FS Bedienungsanleitung Seite 29

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LeMonde Job: WMQ1604--0034-0 WAS LMQ1604-34 Op.: XX Rev.: 15-04-99 T.: 09:37 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 28Fap:100 N
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34 / LE MONDE / VENDREDI 16 AVRIL 1999 CULTURE
L’Adami suspend le paiement
des droits des artistes
L’ADAMI (Société civile pour l’administration des droits des artistes
et musiciens interprètes) a suspendu le paiement des droits de ses so-
ciétaires en attendant la mise en place de nouveaux modes de réparti-
tion. Le ministère de la culture s’est déclaré satisfait d’une telle initia-
tive. La gestion de l’Adami est contestée par une partie de ses
sociétaires, regroupés notamment au sein de deux associations, Pro-
tection des ayants droit et Artistes Plus. Elles s’élèvent notamment
contre l’importance des sommes restant à répartir auprès des inter-
prètes. Un audit mené en 1997 par les ministères de la culture et des
finances a fait apparaître plusieurs « dysfonctionnements ». Quatre di-
rigeants de l’Adami ont été mis en examen le 13 mai 1998 pour abus
de confiance. Les difficultés de l’Adami ont conduit son directeur gé-
néral, Patrick Boiron, à démissionner à la fin de novembre 1998. Il
vient d’être remplacé par Jean-Jacques Walter.
Angelin Preljocaj, albanais, et Enki Bilal, serbe, en débat à Moscou
MOSCOU
de notre envoyée spéciale
A Moscou, le jeudi 8 avril, à
quelques heures de la Pâques or-
thodoxe, le chorégraphe Angelin
Preljocaj, d’origine albanaise (mais
né en France), et le très sombre
créateur de bandes dessinées Enki
Bilal, né à Belgrade d’un père bos-
niaque musulman et d’une mère
tchèque (arrivé en France à l’âge de
dix ans), donnaient au Théâtre Sta-
nislavski une conférence de presse
pour présenter un Roméo et Juliette
qu’ils signaient en 1990 pour le Bal-
let national de Lyon. Toute la
presse culturelle moscovite était là.
Cette version de Roméo et Juliette
exprime la lutte entre un clan fasci-
sant et des sortes de sans-abris,
sans cesse repoussés en dehors du
plateau, sous des tentes ; l’en-
semble est dansé dans une scéno-
graphie de miradors et de chiens
policiers, univers dont Enki Bilal a
le secret. Juliette est fille d’oppres-
seurs, Roméo de persécutés. En
plein conflit avec la Serbie, chacun
s’attend à de vives réactions.
Le première question est posée
par Tatiana Kuznetsova, du réputé
Kommersent Daily : « Si l’art a par-
fois la prétention de sauver le
monde, pourriez-vous être ces anges
dans la situation entre la Serbie et
les Albanais du Kosovo ? » Réponse
d’Angelin Preljocaj : « Je ne suis pas
un ange sauveur. J’ai créé à l’époque
ce Roméo et Juliette pour lutter
contre tous les totalitarismes. Ni
Shakespeare, ni Prokofiev, ni Enki, ni
moi ne pouvons lutter contre Milose-
vic. Ceci n’est pas une attaque
contre les Serbes. Enki est serbe, Go-
ran Vejvoda, notre musicien, est
serbe. Ce n’est pas pour moi un pro-
blème de nationalité, mais un pro-
blème purement humain. » Chacun
reste sur sa réserve, attend de voir
le spectacle.
Après la conférence de presse,
un premier entretien donné à la ra-
dio échauffe davantage les esprits.
Preljocaj et Bilal parlent de « dicta-
ture de Milosevic » : « A Moscou, j’ai
pris conscience de cette liaison in-
défectible entre slavophiles et ortho-
doxes, enracinée dans l’histoire,
dans le sang », dit Enki Bilal qui
ajoute : « Il fallait bombarder, faire
quelque chose pour stopper cette
épuration ethnique au Kosovo. Mais
au bout de trois jours, comme tout le
monde, quand j’ai vu les résultats,
que Milosevic jamais ne céderait, je
me suis posé la question de savoir
qui conseille nos gouvernants. Pour-
quoi n’y a-t-il jamais eu depuis dix
ans un travail politique pour structu-
rer une opposition serbe sur le ter-
rain ? Que les Américains prennent
cette décision, je le comprends, mais
que les Européens, plus au fait de
l’Histoire, n’aient pas compris qu’ils
allaient provoquer “l’effet balka-
nique”, c’est-à-dire une paranoïa et
une fuite en avant, quitte à ce qu’elle
se regroupe autour d’un monstre... »
UN « ROMÉO » PRÉMONITOIRE
A 19 heures, la salle du Stanislav-
ski est comble. Applaudissements
sans réticences. Que ce Roméo et
Juliette date de 1990 a prévenu, en
partie, toute accusation de provo-
cation. Que Preljocaj et Bilal aient
pressenti avec tant d’acuité
qu’après la chute du mur de Berlin,
les Balkans deviendraient à nou-
veau le point faible d’un réseau en
train de s’écrouler : une telle vision
surprend. Dans l’avion qui vole
vers Paris, le chorégraphe com-
mente la situation : « Nous n’avions
pas donné ce Roméo et Juliette de-
puis plusieurs mois. Danser à Mos-
cou dans ce contexte politique en ac-
centue l’aspect prémonitoire. Je n’ai
pas senti de vibrations négatives
dans le public. Nous l’avions déjà
dansé à Belgrade, il y a deux ans,
car les organisateurs avaient fait va-
loir que tous les Belgradois n’étaient
pas pour Milosevic ! A Moscou, je
suis diplomate quand je dis que je
n’ai rien contre les Serbes, car je
trouve difficile d’admettre qu’ils se
regroupent tous derrière un tyran. Il
est vrai que si on bombardait la
France, nos familles... »
Angelin Preljocaj dit avoir été
frappé au cours de ce voyage de
constater à quel point les Russes
réagissaient violemment aux bom-
bardements de l’OTAN, tant ils
craignent une destitution d’Elt-
sine, le retour des staliniens... Sur
le plateau du Théâtre Stanislavski,
les techniciens français ont trouvé,
déposée anonymement à leur in-
tention, une croix gammée avec
Clinton, Chirac, Blair et Schroe-
der...
Dominique Frétard
Le 30 avril, au Forum des
images à Paris, une manifestation
de soutien au Kosovo est organi-
sée par Angelin Preljocaj et le ci-
néaste Liria Begeja.
Inquiétudes sur le sort d’écrivains du Kosovo
Plusieurs sources affirment que l’écrivain albanais du Kosovo Latif
Berisha est mort. Professeur de littérature, auteur de prose et de
poésie (non traduit en français), il aurait été abattu dans son ap-
partement. Si de nombreux hommes de lettres se trouvent actuelle-
ment hors du Kosovo, à Tetovo en Macédoine, en Albanie, à Londres,
la situation de ceux restés au Kosovo est la plus inquiétante. Des in-
tellectuels se cachent. Plusieurs associations – le Parlement inter-
national des écrivains, le Writers in Prison Committee du Pen Club –
s’inquiètent du sort de Teki Dervishi et Din Mehmeti, deux écrivains
de formation occidentale.
Agé d’une cinquantaine d’années, Teki Dervishi est un auteur de
théâtre réputé chez les albanophones des différents pays. Plus jeune,
Din Mehmeti est un poète. En cette quatrième semaine de l’opéra-
tion « Force alliée », aucune nouvelle d’eux ne semble être parvenue
à Pristina ou dans les pays voisins. Un silence prolongé qui amène à
se demander si les deux hommes se cachent ou s’ils ont disparu ?
« Je me demande à quoi pense cet homme au crépuscule de sa vie.
Probablement à la même chose que moi et à laquelle tout le monde croit :
rien ne peut revenir en arrière. » (Fatos Kongoli.)
DEBORAH METSCH
DÉPÊCHES
a VENTE : les barons Nathaniel
et Albert von Rothschild
vendent le 8 juillet chez Chris-
tie’s, à Londres, une collection,
estimée à 20 millions de livres
(30 millions d’euros), qui vient de
leur être restituée par le gouver-
nement autrichien, 60 ans après
avoir été volée par les nazis.
L’œuvre vedette en est un portrait
peint par le Hollandais Frans Hals
(vers 1585-1666) dont on espère
une vente autour de 3,5 millions
de livres (5,2 millions d’euros).
a PATRIMOINE : la remise en
état du palais Farnèse, siège de
l’ambassade de France à Rome,
a révélé, au grand étonnement
des restaurateurs, une façade de
briques colorées, allant du jaune à
l’ocre, formant des dessins géo-
métriques et des symboles, dont
des rosaces ou fleurs stylisées. Les
murs de ce bâtiment du
XVI
e
siècle, en partie réalisé par
Michel Ange, n’avaient jamais été
nettoyés depuis sa construction et
étaient recouverts d’une épaisse
patine noire. – (AFP.)
a ARCHITECTURE : Lorenzo Pi-
queras est le lauréat du
concours d’architecture pour le
réaménagement de la salle des
Etats au Musée du Louvre. C’est
dans cette pièce qu’est actuelle-
ment présentée La Joconde. Il est
prévu de réserver un espace auto-
nome de 200 m
2
pour le seul ta-
bleau de Léonard de Vinci. Le
reste (800 m
2
) sera affecté aux
œuvres de grand format de la Re-
naissance vénitienne (parmi les-
quelles figurent Les Noces de Ca-
na, de Véronèse). Les travaux,
estimés à 25 millions de francs
(3,81 millions d’euros), seront fi-
nancés grâce au mécénat de la so-
ciété Nippon Television (NTV).
Pendant la durée des travaux, qui
s’achèveront en 2002, La Joconde
sera accrochée à un emplacement
provisoire.
a MUSIQUE : le violoniste russe
Vladimir Spivakov, actuel direc-
teur musical des Solistes de
Moscou, a remplacé le pianiste
Mikhaïl Pletnev comme directeur
musical de l’Orchestre national de
Russie (ONR). Mikhaïl Pletnev,
qui a fondé l’ONR il y a neuf ans,
« souhaite se consacrer à la
composition et à sa carrière de pia-
niste ».
Nouvelle donne pour quatre théâtres de Grenoble
LA MUNICIPALITÉ de Gre-
noble met en place une nouvelle
politique des « petits théâtres » de
la ville, qui concerne quatre salles :
le 145, Sainte-Marie d’en Bas, Pré-
mol et le Rio.
Pour redynamiser la vie théâ-
trale grenobloise, la ville a décidé
que dorénavant les salles munici-
pales seraient attribuées pour trois
ans à des compagnies bénéficiant
de subventions venues de deux
institutions différentes – afin que
le poids financier ne repose pas
entièrement sur la ville.
Jusqu’à présent, la gestion de
ces salles était confiée à des direc-
teurs qui recevaient une subven-
tion d’exploitation, et pouvaient
rester en place plusieurs années.
Ce fut le cas en particulier pour
Serge Papagalli et Yvon Chaix, qui
sont restés plus de quinze ans à la
tête du Rio et du 145.
A la fin de 1998, un appel
d’offres a donc été lancé, auquel
treize compagnies ont répondu.
« ON N’EST PAS RÉSIDENT À VIE »
Un jury a examiné les proposi-
tions, et décidé de ne pas mainte-
nir Yvon Chaix à la tête du Rio, qui
est confié à Lofti Achour (metteur
en scène) et Natacha de Pontchar-
rat (écrivain). Au 145, les Barbarins
fourchus (une troupe issue du
théâtre de rue) remplace Serge Pa-
pagalli. Renata Scant (metteur en
scène et directrice du Festival in-
ternational de Théâtre de Gre-
noble) reste à la tête du Prémol. La
gestion de Sainte-Marie d’en Bas
doit être attribuée prochainement.
« On n’est pas résident d’un
théâtre à vie. Il faut savoir se mettre
en compétition », explique Jean-
Paul Roux, maire adjoint, délégué
à la culture, en réponse au
communiqué qu’Yvon Chaix fait
actuellement circuler pour protes-
ter contre ce qu’il appelle son «li-
mogeage ». La mise en place des
nouvelles équipes devrait interve-
nir à l’automne, et se fera, selon
Jean-Paul Roux, de façon que «les
salles s’organisent en réseau pour
offrir des services communs aux
spectateurs ».
Brigitte Salino
L’Albanais Fatos Kongoli
scrute l’« état d’âme »
des Serbes
Pour cet écrivain tourné vers l’Italie et la France,
l’intervention de l’OTAN met un point final
à l’aventure communiste
SES ROMANS décrivent des êtres
aliénés, des anti-héros effarés, dé-
truits par le système politique de la
peur et de l’élimination qui a gouver-
né l’Albanie pendant quarante-six
années. Fatos Kongoli en observe
l’impact sur les petites gens, pris
entre dérisoire et tragique, ces vi-
vants qui sentent déjà la mort,
comme son personnage du Paumé,
un homme tenté par l’exode, qui
descendra à la dernière minute du
bateau en partance pour l’Italie, pré-
férant s’accrocher au cauchemar fa-
milier du pays (« Rivages Poche »,
voir « Le Monde des livres » du
6 juin 1997).
Aujourd’hui, avec ce même re-
gard, l’écrivain scrute l’« état d’âme »
des Serbes ordinaires. « J’ai été très
impressionné que des centaines de
Belgradois forment des chaînes hu-
maines pour protéger les ponts ou que
des journalistes affirment vouloir res-
ter comme cibles humaines au siège
de la télévision, explique Fatos Kon-
goli, joint par téléphone à Tirana. Je
connais très bien cette psychologie, qui
était celle des Albanais pendant la
période de la dictature, car là-bas
continue la vieille litanie du commu-
nisme orthodoxe. Les Serbes sont en-
doctrinés notamment par des doc-
trines chauvines contre les Albanais.
On leur a enseigné que le Kosovo est le
berceau de la Serbie. Ils deviennent
fanatiques parce qu’ils sont isolés du
monde extérieur, ne disposent que de
la presse et de la télévision officielles et
subissent la propagande du gouverne-
ment. Ils sont aveuglés, c’est une situa-
tion spirituelle tragique pour le peuple
serbe, qui devient tragique pour les
voisins parce qu’il cause le malheur
des autres : il s’autodétruit, tout en dé-
truisant les autres peuples. Les Serbes
accusent l’Occident d’être cruel, quali-
fient les Etats-Unis de fascistes. Ils ne
se demandent pas pourquoi la France,
alliée traditionnelle de la Serbie, est
devenue une ennemie. De même
qu’on parlait des fous d’Allah en Iran,
on pourrait parler des fous de Slobo-
dan. »
LA PETITE VOIX DES PERDANTS
Favorable à l’intervention de
l’OTAN, l’écrivain estime qu’elle est
nécessaire pour freiner un Milosevic
capable de « déclencher une guerre
balkanique ». Face à cet inquiétant
voisin, l’action des Occidentaux per-
mettra, selon lui, d’« incorporer la
Serbie à une Europe contemporaine,
libérée des dictatures ».
A cinquante-cinq ans, Fatos Kon-
goli a grandi et vécu sous la poigne
d’Enver Hodja, le dirigeant de la
« République populaire » d’Albanie.
Fils d’un violoniste tombé en dis-
grâce, il avait opté pour une carrière
de mathématicien et, plus tard,
commencé à écrire. Son premier ro-
man, publié en 1986 à Tirana, paraît
l’année suivante au Kosovo. «Les
maisons d’édition de Pristina ont pu-
blié un grand nombre d’auteurs d’Al-
banie, y compris ceux interdits sous la
dictature de Hodja. Malgré le commu-
nisme, la Yougoslavie était alors plus
ouverte, et les Albanais du Kosovo res-
taient plus libres que nous de voyager
et de s’exprimer. »
A la chute du régime, en 1991,
l’écrivain écrit ce qu’il considère
comme ses vrais livres (Le Paumé,
L’Ombre de l’autre, parus en France
chez Rivages). Il y fait entendre la
petite voix des perdants de l’His-
toire, il y dessine la dérive des per-
sonnalités fragiles, brisées par l’ab-
surdité de la dictature. Dans
L’Ombre de l’autre, il lance son héros
à travers le labyrinthe d’une maison
d’édition communiste, dirigée par
les clans successifs de la nomenkla-
tura.
« ÉCRIRE CHAQUE JOUR »
Dans le même temps, le roman-
cier prend la direction des pages
culturelles du quotidien Rilindja De-
mokratike (Renaissance démocra-
tique). Quand son pays ne parvient
pas à sortir de l’instabilité politique,
Fatos Kongoli, en proie à des pro-
blèmes de santé, doit se replier chez
lui. Depuis deux ans, il vit surtout
dans son appartement, écrivant ses
romans et vivant de traductions,
grâce à son excellente connaissance
du français. Il vient ainsi de traduire
Apologie pour l’histoire ou Métier
d’historien, de Marc Bloch, le cofon-
dateur de l’Ecole des Annales.
A l’écoute de RFI et des chaînes de
télévision italiennes et françaises, en
relation avec ses collègues du quoti-
dien, à l’affût des nouvelles sur ses
amis kosovars, l’écrivain ne veut pas
céder à l’inquiétude. « La situation
est très dangereuse, en particulier
pour les Albanais du Kosovo confron-
tés à un pouvoir despotique et dépas-
sé, mais aussi pour l’Albanie, surtout si
les incursions de l’armée serbe se
poursuivaient. Mais il faut résister et
continuer à faire son travail. Comme
tout le monde, je suis sous le choc mais
je m’efforce d’écrire chaque jour. »
Pour cet intellectuel tourné vers
l’Italie et la France, l’arrivée de
l’OTAN en Albanie met un point fi-
nal à l’aventure communiste de son
pays, éternellement ballotté entre
Orient et Occident. « Cette fois, nous
appartenons définitivement à l’Europe
occidentale », veut-il croire.
Catherine Bédarida
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