Electrolux ZC24/10FS Bedienungsanleitung Seite 16

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LeMonde Job: WMQ1604--0019-0 WAS LMQ1604-19 Op.: XX Rev.: 15-04-99 T.: 10:51 S.: 111,06-Cmp.:15,11, Base : LMQPAG 28Fap:100 N
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HORIZONS-ANALYSES LE MONDE / VENDREDI 16 AVRIL 1999 / 19
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LYA
50
ANS
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DANS
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est édité par la SA LE MONDE
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ÉDITORIAL
Le patrimoine juif disparaît du paysage européen
ALORS QUE le débat sur les
« spoliations », l’« or nazi », les
« avoirs juifs », l’indemnisation du
travail forcé au service du
III
e
Reich touche un pays puis
l’autre, se profile aussi la véritable
dimension de cette question. Une
question qui ne s’épuise ni dans
l’octroi de pensions supplémen-
taires aux oubliés des politiques de
réparations d’après 1945 – encore
que la chose ne soit pas négli-
geable, surtout à l’est de l’Eu-
rope –, ni même à la clôture du
dernier chapitre encore mal refer-
mé de la Shoah.
Certes, pour beaucoup, les spo-
liations ne représentent qu’un
problème résiduel et technique,
éventuellement irritant, une af-
faire d’assistance sociale qu’il
s’agirait de répartir entre les survi-
vants de la Shoah passés à travers
les mailles du filet des restitutions
d’après-guerre ainsi qu’entre leurs
héritiers. Une telle approche n’est
pas illégitime. Mais constitue-t-
elle la bonne façon de scruter cette
boîte de Pandore qui révèle sans
cesse de nouveaux fonds et dé-
signe des responsables inattendus
d’un pillage « légal » sans pré-
cédent ? En réalité, il s’agit moins
d’argent que de justice, moins
d’œuvres d’art que de légitimité et
moins de mémoire ou d’histoire
que de restauration.
Nul pan de cet ensemble de re-
vendications ne touche plus à la
« justice restauratrice » que celui
des biens communautaires (syna-
gogues, cimetières, orphelinats,
écoles), propriété collective en
déshérence d’un judaïsme euro-
péen dont les millions de fidèles
ont été assassinés. Cette quête-là
semble, à long terme, la plus char-
gée de sens. N’a-t-elle pas pour
enjeu la disparition ou le rétablis-
sement dans le paysage européen
d’une civilisation éradiquée et
dont les traces s’effacent, faute
d’usage, de soins et d’entretien ?
Une conférence internationale
sur « le patrimoine juif européen »,
qui s’est tenue récemment dans le
tout nouveau Musée d’art et d’his-
toire du judaïsme à Paris, a été
l’occasion pour les participants
d’exprimer leurs inquiétudes. Ain-
si, en Pologne, si 321 synagogues
en déshérence ont été à ce jour
identifiées, quatre seulement sont
affectées à leur destination d’ori-
gine. Dans le meilleur des cas,
d’autres ont été transformées en
musées, voire en bibliothèques
municipales, ou, comme à Za-
mosc, abritent les archives locales.
En Hongrie, où 44 temples sur 243
avaient été pourtant classés « mo-
numents historiques », une dou-
zaine de synagogues demeurent
en activité, contre plusieurs cen-
taines avant l’invasion allemande
du printemps 1944. Une grande
partie des édifices classés n’en ont
pas moins été détruits ou vendus
pour servir d’entrepôts, de décor à
la télévision (à Budapest), de salles
de sport, et même, en un cas, de
dépôt de cuvettes de toilette.
STÉRILEMENT STOCKÉS
En Roumanie où la législation
est pourtant favorable, les restitu-
tions de synagogues se comptent
sur les doigts des deux mains
(avant la deuxième guerre mon-
diale, ce pays comptait quelque
800 000 juifs). Dans la capitale de
la Slovaquie, Bratislava, le vieux
quartier juif qui avait « tenu »
jusque dans les années 70, a fini
par être rasé pour faire passer une
autoroute au cœur de l’ancienne
Presbourg. Parmi les sinistrés :
l’une des plus célèbres académies
rabbiniques où avait enseigné le
rabbin Moïse Sofer (le Hatam So-
fer 1762-1839), l’inspirateur du ju-
daïsme orthodoxe.
Même le célèbre Musée juif de
Prague, haut lieu d’attraction pour
près de 500 000 touristes par an,
qui rassemble l’une des plus riches
collections d’objets d’art juif en
Europe, a été mis récemment en
accusation. Un journaliste israé-
lien, Ithamar Levin, dans une pu-
blication en anglais intitulée The
Last Chapter of Holocaust (le der-
nier chapitre de l’Holocauste) dif-
fusée par la World Jewish Restitu-
tion Organization (WJRO) un
organisme fondé en 1992 qui se
pose en légataire des biens
communautaire juifs en déshé-
rence –, reproche au musée de ré-
duire à la portion congrue les
œuvres exposées (500 pièces exhi-
bées sur 36 000 qui, dit-il, seraient
conservées dans un état lamen-
table dans des entrepôts éloignés
de la capitale tchèque). Les objets
de culte, par exemple des cen-
taines de Shofars – cornes de bélier
utilisées pour la célébration du
nouvel an juif –, ainsi que des rou-
leaux de la Torah, ne pourraient-ils
être mis à la disposition des
communautés juives, en Israël ou
ailleurs, plutôt que d’être stérile-
ment stockés, dissimulés aux re-
gards et privés d’emploi ?
Leo Pavlat, directeur du Musée
de Prague, a réfuté les accusations
d’Ithamar Levin dans un rapport-
plaidoyer diffusé sur Internet
(http : //www. jewishmuseum. cz/
report). Il dit dénombrer des di-
zaines d’« erreurs » dans l’argu-
mentaire du journaliste. Le fond
de la controverse est, selon lui, le
refus de voir une institution
comme le Musée juif de Prague
perpétuer la mémoire des victimes
de la Shoah dans l’ancienne Tché-
coslovaquie, cela dans l’idée de dé-
ménager ces collections en Israël.
L’affaire s’envenime puisque dans
une lettre du 1
er
mars, Ithamar Le-
vin s’est estimé diffamé.
Toujours est-il que cet estom-
page progressif de l’inscription des
juifs dans la mémoire et dans l’es-
pace européen, où se perd un peu
de la réalité plurielle propre à l’his-
toire du continent, est le résultat
d’un autre processus : la perpétua-
tion de l’« aryanisation » nazie par
les régimes communistes, sous
couvert de nationalisation des
« biens de l’ennemi » – ainsi appe-
lait-on dans la Pologne d’après
1946 les avoirs juifs confisqués par
les Allemands.
La parenthèse communiste re-
fermée, l’Eglise de Pologne a pour-
tant pu récupérer ses biens. Il n’en
a pas été de même s’agissant des
communautés juives exsangues.
Naphtali Lavie, vice-président de
la WJRO, estime à 18 000 le
nombre des biens communau-
taires juifs dont il a pu à ce jour re-
trouver la trace, pour l’ensemble
des pays de l’est de l’Europe pas-
sés de la domination nazie au ré-
gime communiste. Il en dénombre
6 000 pour la seule Pologne (les
autorités, qui ont fini par adopter
le principe de la restitution des
biens communautaires par une loi
du 20 mars 1997, ne parlent que de
2 200 propriétés).
QUELQUES RESTITUTIONS
Si des restitutions ont eu lieu,
fort peu, les quelques milliers de
juifs qui peuplent encore la Po-
logne ne peuvent, à eux seuls, re-
cevoir ni perpétuer le patrimoine
des millions de disparus. Reste à
inventer une forme nouvelle de
dévolution de ces biens collectifs,
qui conservent un lien indéfectible
avec la civilisation juive en Eu-
rope.
A l’Ouest, il arrive aussi – dans
un tout autre contexte – que le pa-
trimoine historique du judaïsme
européen soit traité avec désinvol-
ture. C’est ainsi qu’un des plus
monumentaux édifices juifs du
Moyen Age (XII
e
siècle), preuve de
l’enracinement du judaïsme dans
les tréfonds de l’histoire de France,
l’« école aux juifs » retrouvée dans
les années 70 sous le palais de jus-
tice de Rouen, attend toujours que
son accès soit largement ouvert au
public et signalé par une exposi-
tion permanente. En Allemagne,
nombre de cimetières juifs, dont
certains furent aplanis pendant le
pogrom de la Nuit de cristal (9 no-
vembre 1938), demeurent à préser-
ver. La tâche est certes considé-
rable. Mais la sauvegarde de ces
biens à fort ancrage spirituel serait
l’indice qu’en cherchant à ré-
pondre à la question des spolia-
tions, l’Europe ne fait pas que
payer de vieilles dettes, mais
cultive les marques de sa diversité.
Nicolas Weill
Le sang-froid et le brio de d’Oriola
LE FRANÇAIS Christian d’Orio-
la, avec un sang-froid et un brio
qui ont fait l’admiration du public
du Caire, a conservé son titre de
champion du monde au fleuret,
qu’il avait conquis il y a deux ans à
Lisbonne dans des circonstances
non moins brillantes. La phase fi-
nale de ces championnats se dis-
putait par élimination, six Fran-
çais, six Italiens et quatre
Egyptiens s’étant qualifiés pour les
huitièmes de finale. Au cours de
ces huitièmes de finale, trois Fran-
çais, Pécheux, Bougnol et Lataste,
se faisaient éliminer par les Ita-
liens Mangiarotti, Renzo Nostini
et Di Roza.
D’Oriola, qui avait successive-
ment battu les Italiens Pellini (5-2,
4-5, 5-1) et di Roza (5-1, 5-1), se
trouva seul en demi-finale contre
trois Italiens. Il vengea rapide-
ment Rommel en infligeant un 5-1,
5-2 à Giulio Nostini tandis que
Renzo Nostini et Mangiarotti se li-
vraient un duel farouche qui de-
vait se terminer à l’avantage du
premier (4-5, 5-4, 5-1), non sans de
multiples incidents qui nécessi-
tèrent l’intervention des diri-
geants de la fédération d’escrime
italienne.
Christian d’Oriola abordait la fi-
nale avec une bonne humeur, un
calme impressionnants, malgré
l’atmosphère très tendue qui ré-
sultait précisément des incidents
précédents. Tirant avec un sang-
froid et une vitesse d’exécution re-
marquables, le Français s’octroyait
la première manche contre Renzo
Nostini en quelques minutes (5-2),
perdit la seconde (4-5), mais dans
la phase décisive, conservant sa
maîtrise, s’adjugeait la victoire par
5 touches à 2. D’Oriola avait ainsi
éliminé à lui seul, au cours de cette
journée mémorable, les quatre
meilleurs tireurs italiens.
La fausse révolution de la Banque centrale européenne
LA BAISSE d’un demi-point de son taux direc-
teur annoncée jeudi 8 avril par la Banque centrale
européenne (BCE) a été accueillie avec enthou-
siasme dans les milieux politiques et financiers du
Vieux Continent. Le président du conseil italien,
Massimo D’Alema, a parlé d’une « décision posi-
tive », le ministre français de l’économie, Domi-
nique Strauss-Kahn, d’un geste qui contribuera
« à accélérer la sortie du trou d’air conjoncturel ».
Les marchés boursiers européens ont salué la nou-
velle en se hissant à de nouveaux sommets histo-
riques.
De façon plus profonde, de nombreux observa-
teurs ont vu dans ce geste d’une ampleur impré-
vue la preuve d’une révolution monétaire en cours
en Europe. Selon eux, la baisse des taux mettrait
fin aux longues années d’obscurantisme et de rigi-
dité imposés par la Bundesbank ; elle marquerait
la naissance d’une politique pragmatique, intelli-
gente, inspirée par le modèle américain de la Ré-
serve fédérale (Fed). Le président de la BCE, Wim
Duisenberg, serait un héritier spirituel du patron
de la Fed, Alan Greenspan, et non, comme on le
croyait, un clone du chef tout-puissant de la
banque centrale d’Allemagne, Hans Tietmeyer.
Après une interminable nuit monétaire, l’Europe
découvrirait, grâce à l’euro et à M. Duisenberg, la
lumière d’un monde nouveau et meilleur, gouver-
né par des banquiers centraux éclairés, aussi sou-
cieux de croissance que de stabilité des prix.
Cette interprétation est peut-être trop opti-
miste. D’abord parce que cette baisse des taux dé-
montre l’influence intacte de l’Allemagne dans
l’Europe monétaire. Elle apparaît avant tout
comme une réponse aux difficultés que connaît
l’économie allemande et aux menaces de réces-
sion qui planent sur elle. La situation économique
dans les autres pays de l’Euroland ne la justifiait
guère, comme l’ont d’ailleurs prouvé les réactions
hostiles en provenance de Finlande, du Portugal,
d’Irlande ou d’Espagne, autant de pays à la crois-
sance vigoureuse qui se seraient passés d’une me-
sure dont le premier effet sera d’accentuer chez
eux les pressions inflationnistes.
L’ALLEMAGNE, AU CŒUR DU PROCESSUS
La réduction du taux directeur est la consé-
quence directe du diagnostic inquiétant que les
deux représentants allemands du conseil des gou-
verneurs – Hans Tietmeyer et Otmar Issing, chef
économiste de la BCE – ont établi à propos de
l’évolution économique dans leur pays. Et leur en-
gagement en faveur d’un assouplissement moné-
taire n’a pu qu’être renforcé par la démission, il y a
quelques semaines, du ministre allemand des fi-
nances Oskar Lafontaine avec lequel les deux
hommes entretenaient, de longue date, des rela-
tions exécrables. Une nouvelle fois, et malgré l’ar-
rivée de l’euro, l’Allemagne s’est retrouvée au
cœur du processus de détente monétaire euro-
péen.
Certains experts ont remarqué que l’action de la
BCE est intervenue en dépit de la grande faiblesse
de l’euro. Cette attitude insouciante contraste, il
est vrai, avec l’obsession du taux de change affi-
chée jadis par les banques centrales en Europe.
Mais cette approche nouvelle doit probablement
moins à l’influence bénéfique de M. Duisenberg
qu’à la mutation de l’environnement économique
européen induit par l’introduction même de l’eu-
ro.
Comme le soulignait récemment Alexandre
Lamfalussy, ancien président de l’Institut moné-
taire européen, « l’euro a dès maintenant modifié le
degré d’ouverture de nos économies : la part des
échanges extérieurs dans le PNB européen repré-
sente à peu de choses près le même pourcentage
dans la zone euro qu’aux Etats-Unis ». Le cours de
l’euro vis-à-vis du dollar ne revêt plus pour la BCE
la même importance que le niveau du mark pour
la Bundesbank ou celui du franc pour la Banque
de France. Un peu comme les Américains avec le
dollar, les Européens ont désormais les moyens de
mener une politique d’indifférence – de « benign
neglect » –, à l’égard du cours de l’euro. C’est le
paysage économique européen qui a changé, pas
la philosophie des banquiers centraux.
PARI ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE
Si le geste de la BCE apparaît original, c’est sur-
tout par la prise de risque qu’il implique. Le danger
n’est certes pas inflationniste, même s’il est un peu
étrange que la banque centrale ait choisi d’abais-
ser sa garde au moment où la brusque remontée
des prix du pétrole et la croissance soutenue de la
masse monétaire éloignent le spectre de la défla-
tion en Europe.
Le conseil des gouverneurs a fait le pari – auda-
cieux – que la baisse des taux enverra un signal
positif aux agents économiques. Mais certains
analystes pessimistes pensent le contraire : selon
eux, ce geste délivre un message inquiétant, qui
confirme la gravité de la détérioration écono-
mique sur le Vieux Continent et renforce les
craintes d’une Europe engagée dans un scénario à
la japonaise. Et se trouvait-il beaucoup d’indus-
triels ou de ménages, en Europe, pour considérer
que le coût du crédit était un obstacle à l’inves-
tissement ou à la consommation ?
Enfin, les dirigeants monétaires européens
gagent que leur action incitera les gouvernements
à engager des réformes de fond de leurs écono-
mies. « Il va être plus difficile pour les pouvoirs poli-
tiques de détourner l’attention de leur propre
échec », affirme M. Issing. Mais les banquiers cen-
traux de l’Euroland avaient tenu, en décembre
1998, après la baisse concertée des taux euro-
péens, mot pour mot le même discours. Rien n’est
venu depuis.
Alors pourquoi la BCE fait-elle une nouvelle
concession au pouvoir politique ? Pourquoi
donne-t-elle l’impression de vouloir apporter une
réponse monétaire au fléau du chômage en Eu-
rope, fléau dont elle ne cesse de proclamer qu’il
est d’origine structurelle ? Peut-être parce que,
consciente des menaces qui pèsent aujourd’hui
sur l’Union monétaire – indifférence des opinions
publiques, budgets nationaux en piteux état, ra-
lentissement de la croissance, stagnation du chô-
mage à un niveau très élevé, guerre au Kosovo –,
la BCE a voulu faire tout ce qui est en son pouvoir
pour éviter le pire, c’est-à-dire un échec de l’euro.
Son pari économique et monétaire est à la hau-
teur des risques encourus.
Pierre-Antoine Delhommais
L’œil d’Abel
par G. Dégé
Algérie : l’espoir trahi
L
’ALGÉRIE se retrouve
dans une situation
surréaliste et affli-
geante. Conviée à
choisir un nouveau président,
parmi sept candidats aux profils
divers et au terme d’une cam-
pagne électorale globalement
équitable, elle n’a plus qu’un
choix à la fois dérisoire et humi-
liant : plébisciter ou non, par sa
participation au scrutin, le seul
candidat restant, Abdelaziz Bou-
teflika, au lendemain du retrait
collectif des six autres préten-
dants, unis dans la dénonciation
des fraudes massives qui ont, se-
lon eux, entaché les premières
opérations de vote, au Sahara et
dans les casernes.
La double décision par le pré-
sident sortant Liamine Zeroual
de maintenir le scrutin et par
Abdelaziz Bouteflika de rester
seul en course a vidé l’élection
de tout son sens. Cet épisode ci-
vique qui aurait pu marquer le
premier jalon d’un renouveau
démocratique, après huit années
de guerre civile, ne se soldera, au
mieux, que par la piètre onction
d’un candidat officieux, dans la
plus pure tradition des régimes à
parti unique. L’espoir dont, ici
même, nous nous faisions l’écho
hier (Le Monde du 15 avril) avec, à
l’évidence, trop d’optimisme, au-
ra été à nouveau déçu. L’Algérie
aurait pu offrir au monde arabe
l’une de ses premières élections
relativement libres. Elle n’aura
accouché que d’un médiocre si-
mulacre.
Ce fiasco ne laisse à première
vue que des perdants. Instiga-
teur d’un scrutin qu’il persiste à
juger, contre l’évidence, «hon-
nête et transparent », Liamine Ze-
roual a piteusement raté sa sor-
tie. Il n’a pas eu le courage
d’affronter ceux qui, au sein de
l’armée – véritable détentrice du
pouvoir en Algérie –, ont préféré
torpiller à la dernière minute un
processus démocratique suscep-
tible, à terme, de remettre en
cause leur monopole politique et
les avantages financiers qu’il
leur procure.
L’armée, qu’on dit désunie, et
le régime, avec elle, sortent dis-
crédités de cet épilogue électoral
inattendu. Ses barons ont pris
peur à l’idée de voir le jeu démo-
cratique leur échapper en partie.
Leur favori, M. Bouteflika, avait
pourtant les meilleures chances
de l’emporter. Mais leur crainte
s’est finalement révélée plus
forte que le désir, déjà ancien,
d’une partie des cadres mili-
taires d’acquérir une nouvelle lé-
gitimité qui ne se nourrirait plus
seulement de la lutte acharnée
contre le terrorisme islamiste.
Quant au futur vainqueur, dont
l’autorité sera irrémédiablement
ternie par les conditions du scru-
tin – quel que soit le taux de par-
ticipation –, comment pourra-t-il
prétendre être l’homme de paix
et de réconciliation que la majo-
rité des Algériens attendent ?
La seule – mais importante –
leçon d’optimisme de cette paro-
die réside précisément dans l’es-
pérance populaire. Endeuillés
par tant de drames, déçus par
tant de fausses promesses, les
Algériens ont vu naître, au fil de
la campagne, un espace public
où ils ont pu se reconnaître, dans
leur diversité. Ils ont ainsi, après
les années de plomb, repris goût
au libre débat. Cela restera pour
eux, au-delà de cette mésaven-
ture, le principal motif de ré-
confort.
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